Je profite de l'absence de mes enfants pour ouvrir un peu l'ordinateur. Claire se réveille presque aussi tôt que moi et je m'occupe d'elle avant que ses parents ne se réveillent. Ils profitent ainsi de vraies vacances et font de belles matinées bien grasses. J'aime ce moment de la matinée. Après ma séance de yoga, je lui prépare son petit-déjeuner et nous mangeons tous les deux dans la cuisine. Je lui raconte des histoires et parfois elle rit. Parfois, elle me dit quelques mots. Certains sont parfaitement compréhensibles, d'autres, surtout quand elle essaie de faire une phrase, sont plus obscures, mais nous nous comprenons autrement.
Mon ami Jacques m'a téléphoné pour m'annoncer que l'examen médical principal s'est très bien passé et que celui qu'il doit encore subir n'est qu'une routine. Fausse alerte donc.
Demain, en fin de matinée, je dois prendre un café chez l'ancien prêtre de la paroisse. Je l'avais rencontré à l'église où il vient parfois prier, il y a de cela quelques temps. Je l'ai parfois ramené en voiture chez lui et nous avons sympathisé. Il a quitté la prêtrise pour des raisons très personnelles. C'est un homme taciturne, mais cela me plaît. Nous parlons très peu. La dernière fois, chez lui, nous avons même passé un long moment à regarder par la fenêtre en sirotant notre café. Parfois, il commentait le passage d'un oiseau sur le cerisier ou la couleur du ciel. Ce sont des moments rares. Notre époque a perdu la notion du silence. C'est dommage. Il faut parler, parler, dire dire, toujours plus. On finit par vider les mots de leur sens, par disperser les pensées aux quatre vents.
Mes enfants vont bientôt rentrer de leurs courses. Ce soir, c'est ma belle-fille qui cuisine. On m'a promis un plat exotique et spectaculaire. Nous dînerons après le bain de Claire. Ensuite, alors que ma délicieuse belle-fille lira le journal dans un fauteuil, nous commencerons, mon fils et moi, une longue partie d'échecs. C'est le rituel.
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