samedi 4 octobre 2008

Quand nous étions tous réunis, dans ces années où je n'étais pas encore divorcé, j'aimais les samedis d'automne. Mon épouse préparait des plats pour le week-end afin de n'avoir plus à cuisiner. Elle préparait plusieurs viandes, des légumes du jardin. Moi, je m'occupais de la pâtisserie. Je faisais des cakes, des madeleines, des îles flottantes. Il y avait de quoi animer le thé du samedi et le thé du dimanche. J'aimais faire une flambée, mettre de la musique. Le plus jeune était au foot, l'aîné dans sa chambre, faisant ses devoirs (déjà studieux l'aîné). Je m'isolais dans mon bureau, à l'étage, mais je laissais la porte ouverte. Je préparais mes cours, je recopiais à la machine à écrire un article à paraître dans une revue spécialisée, ou bien je flânais dans les livres, les journaux. Surtout, j'aimais les soleils du début d'automne, cette lumière douce mais brillante.
Tout cela n'a pas disparu. Je suis désormais seul dans cette maison que j'ai fait construire, mais les samedis n'ont pas changé. Je ne travaille plus, je n'ai pas de compagne, mes enfants sont grands, mais rien finalement, n'a changé. Je fais de la pâtisserie, j'écoute de la musique, je recopie des notes (mais sur mon ordinateur maintenant), je regarde la lumière. Ce qui est rassurant dans cette vie, c'est qu'il est possible de traverser l'impermanence, d'en déjouer les pièges, la tristesse. Ce qui peut nous aider c'est ce qui dure, ce qui est éternel. Et Dieu fait le reste.