dimanche 27 septembre 2009

Je n'ai trouvé que ce moment pour venir ici écrire un petit mot. Les deux semaines qui viennent de s'écouler ont été plus crevantes que je ne l'imaginais. J'ai ouvert le séminaire et jusque là, tout se passe merveilleusement bien. Les étudiants semblent futés et travailleurs. J'ai eu des échanges particulièrement stimulants avec deux étudiants qui sont très motivés. L'un d'entre eux se destine à la prêtrise, l'autre est un philosophe qui planche sur un sujet connexe aux enjeux du séminaire. Non, vraiment, me retrouver devant une "classe" fut comme enfiler une veste ancienne.

En revanche, je suis très fatigué par les trajets, bien plus que je n'aurais pu l'imaginer. Et dire que j'avais prévu large ! Le week end dernier, j'étais tellement fatigué que j'ai à peine cuisiné, mangeant sur le pouce des bouts de jambon grappillés à même le paquet. Les voisins m'avaient apporté des légumes que j'ai transformés en soupe, mélangeant tout et y ajoutant simplement un mélange d'épices qu'on m'avait rapporté d'Europe de l'Est il y a quelques temps. Mon logement se trouve sur le campus mais il ne me satisfait pas. Je cherche une solution de remplacement, un petit appartement dans le centre ville.

mardi 15 septembre 2009

Tout à l'heure, en allant chercher du pain pour mon petit-déjeuner, j'ai assisté à une scène qui m'a brisé le coeur. Un homme était étendu près d'un feu de signalisation. Les gens passaient, pressés, parfois curieux, souvent indifférents. Beaucoup partaient au travail à cette heure du jour et le temps pressait. Un patron, un manager (comme on dit de nos jours) ou une tâche urgente les attendaient sans doute.

L'homme étendu se débattait pour se relever. Il ne semblait pas ivre. Je l'ai aidé à se relever. Nous avons échangé quelques mots. J'ai appris qu'il portait une prothèse dont il avait du mal à s'habituer. Il m'a remercié et il est reparti. Sur le chemin du retour, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander pourquoi personne avant moi ne s'était arrêté, pourquoi personne ne l'avait aidé à se relever, ce qui m'a pris peut-être 3 minutes. Je n'ai pas la réponse à cette question. Je ne juge personne, je me demande "pourquoi ?".

Tout à l'heure, après un saut de puce en avion, je serai en Italie, attablé devant un bon café, relisant mes notes pour ma première intervention de demain.

lundi 14 septembre 2009

Et si je prenais l'habitude d'écrire un peu ici tous les matins ? Je pourrais écrire quelques lignes après le café, la prière, la séance de yoga et les tartines, juste avant la douche et les premiers coups de fil. Ce serait un petit moment privilégié, entre moi et moi, et vous bien entendu, même si vous ne devez pas être bien nombreux. Aujourd'hui je me sens impatient. J'ai hâte de commencer ce séminaire. Je n'ai aucun stress, aucune appréhension. Ma carrière est faite, je n'ai rien à prouver, aucun avancement, sinon spirituel, à récolter. On apprécie mes travaux passés et on désire que j'en fasse part à quelques étudiants qui enrichiront ces recherches. Ensemble, nous allons approfondir certaines directions de mon travail. Je partirai pour la ville de mon plus jeune fils après le déjeuner et demain je prendrai le premier d'une longue série de vols en direction du nord de l'Italie.

Je suis parvenu à régler une heure correcte pour ce blog. Ce ne fut pas une mince affaire. Je compte sur mes futurs étudiants pour m'aider à progresser en informatique.

dimanche 13 septembre 2009

Le désir de reprendre le cours de ce blog est au rendez-vous. Hier soir, je suis rentré dans ma maison pour les derniers préparatifs, lundi matin je retournerai chez mon fils.

Tout à l'heure, je me suis réveillé dans le noir. Il était presque 6 h. J'ai posé sur la platine un vieux vinyle de Miles Davis, un disque que mon ami Jacques m'a offert pour un anniversaire, il y a très longtemps maintenant. J'ai fait du café très fort et j'en ai bu une tasse, assis par terre, devant les baies vitrées. Je voyais une ombre se dessiner sur l'aube qui pointait: le chien se dégourdissait les jambes. A la fin de la première tasse de café, la meilleure de la journée, tout s'est figé. Le chien s'est arrêté et assis sur ses pattes arrières il a semblé regarder au loin le rose qui envahissait petit à petit le ciel. J'ai posé la tasse et j'ai commencé une prière, douce au début, remerciant Dieu pour tant de beauté, de générosité, puis fervente, lui demandant de toutes mes forces de guider ceux à qui nous avons cédé le pouvoir, qu'il soit politique mais surtout religieux. Qu'il sache leur montrer la voie de la générosité, voie qui semble pour l'instant bouchée. Puis j'ai prié pour ceux qui ne sont plus: mes parents, un beau-frère que j'aimais beaucoup, ma fille. J'ai prié de toutes mes forces pour que la paix leur soit offerte comme l'ultime cadeau.

Quand j'ai ouvert les yeux, le chien s'était tourné vers moi et me regardait. La journée peut commencer. Je vais préparer un rôti de porc aux figues et des champignons sautés, une soupe aux orties pour ce soir (une recette de ma grand-mère). Mes voisins les plus proches viendront sans doute me rendre visite à l'heure du thé, comme souvent le dimanche.

samedi 12 septembre 2009

Il est tellement difficile de reprendre le cours d'un blog après une longue absence. J'ai passé un été très reposant, sans voyage, entouré de mes fils, leurs compagnes/compagnons respectifs et ma petite-fille Claire qui est une enfant étonnante. Toute la tribu a passé un bon mois autour de l'étang, dormant parfois à la belle étoile. Non, je n'ai pas voyagé. Pas de Californie, pas de Canada, pas d'Italie. Mon fils aîné semblait soucieux, comme si ce voyage immobile de l'été était un signe de lassitude, de fatigue ou même de dépression. Mon plus jeune, en revanche, n'a pas manqué me faire remarquer que je vieillis. Il a raison, comment lui en vouloir. Je lui ai expliqué que cependant, je n'en ressens aucun désagrément. J'ai la chance d'avoir une assez bonne santé, en dépit de problèmes cardiaques passés qui sont bien soignés et jugulés. Je savoure ce moment de la vie.

La retraite, cependant, est mise à mal. J'ai repris du service pour un semestre dans une université du nord de l'Italie. Mon séminaire commencera ce mercredi, à 4 heures de l'après-midi. Ainsi, je passerai les vendredis, samedis et dimanches dans ma maison, les lundis je partirai chez mon plus jeune fils (l'aéroport de sa ville offre une ligne aérienne parfaite pour rejoindre les petites destinations italiennes), les mardis je prendrai donc un avion direct pour le petit aéroport italien, les mercredis j'animerai mon séminaire, les jeudis je rentrerai chez mon fils et tout recommencera, jusqu'au mois de février où mon contrat s'arrêtera. J'ai choisi ce rythme pour ne jamais devoir me presser, toujours avoir à ma disposition du temps pour faire les trajets. Je suis très heureux de cette reprise, qui, même si je ne l'ai pas désirée, va m'offrir un lien étroit avec l'Italie que j'aime tant. Le sujet de mon séminaire reprend la plupart de mes recherches qu'elles soient scientifiques ou personnelles. En effet, je vais enseigner au sein de l'université catholique.

Mon plus jeune fils est parti en long voyage pour son travail de photographe-reporter. Les murs du salon d'où j'écris ces mots sont couverts de photographies encadrées. Beaucoup ont été prises par lui. Il y a notamment ce portrait de sa nièce, la petite Claire, portrait si juste. Il y a aussi une collection sur les femmes du monde, des petits formats assemblés sur le mur au dessus des étagères. Ces femmes font la cuisine, lavent les enfants, lisent, travaillent, pleurent ou s'ennuient. Un livre est sorti de cette belle série et il en est très fier.