samedi 26 juin 2010

La semaine dernière, j'ai longuement parlé avec Martine. Elle est très peinée du fiasco de la rencontre avec son amie. Moi aussi je dois dire. Les premières rencontres d'amis ou de membres de la famille sont déterminantes. Je crains d'avoir été trop brusque avec son amie, ce qui a entraîné une polémique puis ma confidence qui a mis tout le monde mal à l'aise. J'en ai parlé avec l'ancien prêtre qui vit près de chez moi. Je l'ai invité à dîner la semaine dernière et notre conversation m'a fait beaucoup de bien.

Martine m'a avoué que son amie est vexée et qu'elle ne veut pas me voir de sitôt. Depuis une semaine, je me terre dans ma maison, tout seul, comme avant. Je ne réponds pas au téléphone sinon à mes fils. Martine est même passée à la maison mais je n'ai pas répondu, or, elle sait que j'étais là, le chien jappait et la voiture était visible. Elle a laissé un mot. Finalement, je me rends compte que je suis très bien seul et que même si Martine est adorable, j'ai passé l'âge de tout cela. Sur le petit mot qu'elle m'a laissé, Martine m'écrit qu'elle ne m'en veut pas le moins du monde, que ce n'était qu'un malentendu avec son amie. Peut-être...

lundi 14 juin 2010

Hier, une amie de Martine est venue déjeuner avec nous. C'est sa meilleure amie et ça ne s'est pas très bien passé. J'en suis très peiné. Tout a bien commencé avec un apéritif où nous étions chacun un peu sur la réserve, mais où la discussion allait bon train et bon enfant. Pendant le repas, nous avons abordé la question de la Foi et tout s'est gâté. L'amie de Martine prétend avoir la Foi, mais quand on échange sur ce sujet, on se rend compte qu'elle aime l'idée d'avoir la Foi plus que les implications de la Foi, en évacuant habilement ce qui la gêne. Le débat était d'abord intéressant je dois dire, puis l'amie de Martine s'est énervée. Nous parlions des Psaumes, de leur vocabulaire parfois guerrier, de Job, puis d'Abraham. Je disais que je comprends parfaitement ce que Dieu demande et pourquoi il le demande. Alors l'amie de Martine m'a dit "Si vous aviez perdu un enfant peut-être réagiriez-vous différemment". Martine m'a lancé un regard suppliant dans lequel j'ai lu de la tristesse. J'ai été très peiné de ce regard, du malaise de Martine. Alors j'ai fait quelque chose que je n'aurais jamais fait auparavant: je me suis livré. J'ai répondu calmement "j'ai perdu un enfant". L'amie de Martine a brusquement changé de visage, se rendant compte peut-être de sa maladresse, de sa colère injustifiée sans doute. J'ai continué. J'ai dit que lorsque ma fille est morte d'une maladie foudroyante, je n'ai pas perdu la Foi parce que, premièrement, j'étais dans un tel anéantissement que j'étais incapable de penser à Dieu. Je ne pensais tout simplement plus. Il n'y avait de place que pour la douleur. Des semaines après, je me suis posé la question de la Foi. Où en étais-je ? Pendant deux semaines de vacances scolaires, je suis parti en retraite dans un monastère. J'ai beaucoup parlé avec un des frères qui m'accompagnait spirituellement. J'ai longuement relu le passage du sacrifice d'Isaac et j'ai compris que je devais accepter la mort de ma fille. C'est ce que Dieu m'a demandé. C'est ce que Dieu nous demande parfois. Quand nous acceptons, un ange vient nous consoler, et nous trouvons la paix.

L'amie de Martine a dit les mots d'usage "je suis désolée, je ne savais pas". Je lui ai dit que je ne lui en voulais pas, ce qui est vrai, puis j'ai ajouté que je ne prétends pas détenir la Vérité parce que j'ai perdu ma fille, sûrement pas, mais je me laisse guider par la Vérité contenue dans les mots de la Bible, Vérité qu'il faut parfois chercher au prix d'un dépassement de la littéralité, Vérité qu'il faut lire parfois entre les lignes. Dieu est avec nous. La suite du repas a été tendue. Martine a fait de grands efforts pour que l'on parle d'autre chose, mais le mal était fait. Je reste persuadé que me livrer était la meilleure des solutions pour sortir de l'impasse. Martine est repartie ce matin, le petit-déjeuner, pour la première fois était triste.

samedi 12 juin 2010

Je suis allé passer une semaine chez mon fils aîné à Paris. Ma charmante belle-fille avait beaucoup de travail alors je me suis bien occupé de ma petite-fille. Elle est tout simplement adorable. Je la regardais jouer dans sa petite chambre et je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'être grand-parent est l'ultime bonheur de la vie. Je ne pensais pas qu'après la paternité il pouvait y avoir encore de cette joie profonde et surtout mystérieuse. Mon plus jeune fils nous a rejoint pour un déjeuner en famille. Il a beaucoup parlé de son voyage qui l'a tellement marqué qu'il ne semble plus être la même personne. Son frère l'a tout de suite remarqué. Peut-être a-t'il tout simplement "grandi". Depuis longtemps, avec lui, je laisse faire les choses s'en trop m'en mêler. Très vite, j'ai compris que je ne savais pas m'y prendre avec lui alors j'ai préféré renoncer plutôt que lui faire du mal. Et j'ai eu raison. Je suis tellement fier de lui ! Il a mille projets, ses photos se vendent très bien. Mon "grand" est très en forme. Cela fait tellement plaisir à voir. Mes fils m'ont parlé de Martine et avec beaucoup de délicatesse m'ont fait comprendre qu'ils la trouvent tout à fait à leur goût. Depuis le repas de Pâques, rien n'avait été dit à ce sujet. Ouf !

J'ai également eu le plaisir de partager un dîner avec Henri, un cousin de mon ex femme. C'est un homme extraordinaire et je n'ai pas la moitié de sa force de caractère. Je lui ai parlé de Martine et il m'a dit à cet égard des choses très sages, m'encourageant et me mettant en garde d'un seul et même mouvement. Je lui ai expliqué qu'il ne doit pas s'inquiéter : A nos âges, on ne peut pas aimer comme à 20 ans. Il y a forcément plus de sagesse et de réflexion.

Il fait très beau ce matin. Hélas, cela ne durera pas. Depuis quelques jours, le temps est chaotique. Martine arrivera tout à l'heure. Je lui ai préparé une petite surprise qui je pense sera très appréciée.