J'ai du mal à croire que le temps ait pu passer si vite. Le semestre à l'université italienne s'est terminé et j'étais plus fatigué que je ne l'aurais imaginé. Je n'ai plus 20 ans, ni même 40, ni même 50 !! Les étudiants étaient très brillants et j'ai plus appris d'eux qu'ils n'ont reçu de moi. J'ai promis à l'un d'entre eux d'être présent le jour de sa soutenance de thèse. Je ne veux pas trop m'avancer, mais je pense qu'une amitié est née.
Un amour aussi. Martine est entrée dans ma vie depuis quelques mois. Je l'ai rencontrée chez des amis. Tout de suite j'ai été fasciné par cette femme aux convictions fortes et à la Foi épanouie. Elle est assistante sociale, très impliquée dans son travail. Au début de la soirée, j'étais très intimidé par elle, mais elle a tellement de tact et de douceur, que petit à petit, j'ai eu l'impression que nous nous connaissions depuis longtemps. C'est elle qui m'a fait la surprise de frapper à ma porte le soir du réveillon de Noël. Elle savait que j'étais seul pour cette soirée. C'est une femme avec une grande discrétion. C'est une qualité humaine rare et précieuse. Nous prenons le temps de nous connaître, sans brûler les étapes. Nous avons fait un petit voyage de 3 jours ensemble et ce fut un moment extraordinaire. Je ne pensais pas vivre de nouveau de si belles et douces sensations, surtout pas à mon âge avancé ! Martine est un tout petit plus jeune que moi. L'année prochaine, elle partira à la retraite et j'espère qu'elle m'acceptera à ses côtés pour ce passage qu'elle redoute.
J'ai passé un très beau week-end. Mon ami J m'a invité dans sa maison à la campagne. Je n'avais jamais vu "la maison de Marie" comme il l'appelle. Je suis arrivé samedi matin, par de petites routes charmantes, prenant le temps de sortir des routes principales. J m'a accueilli avec un bon café et nous sommes sortis faire une grande promenade dans la campagne si belle. Nous avons écumé les brocanteurs de la région et J a trouvé une très jolie table basse qui est du plus bel effet dans sa bibliothèque. Après quelques courses, j'ai invité mon hôte dans un restaurant en pleine campagne. Nous avons déjeuné au coin du feu ! En fin d'après-midi, je suis allé rendre visite à un oncle qui vit dans une maison de retraite à une trentaine de kilomètres de V. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps et il ne m'a pas reconnu. Je suis resté un long moment avec lui, malgré tout, lui souriant et l'écoutant divaguer. L'important n'était pas d'être reconnu, mais de lui tenir compagnie. Quand je suis arrivé chez J, un délicieux pot au feu m'attendait. A la fin du repas, nous avons descendu une demi bouteille de sa liqueur de cerises. J'ai testé le confort d'un fauteuil étonnant, le "sit on it". J a mis de la très belle musique et nous avons longuement parlé. Dimanche, la Messe à l'abbaye de P nous attendait. J y va surtout pour la liturgie chantée par les soeurs. La musique est très très belle. J'avais anticipé et je n'ai pas eu à me déplacer pour voter puisque j'avais prévu une procuration. Au moment de repartir pour la ville, J m'a proposé de rester toute la semaine ici, seul. Ainsi, la maison restera chauffée puisqu'il reviendra vendredi soir prochain. Cela m'a enchanté. Surtout que je n'avais pas du tout envie de sortir de la chaleur de cette belle maison et que je n'ai rien de prévu. Samedi soir, avant d'éteindre la lampe de chevet, j'ai feuilleté un volume du journal de Julien Green que je connais mal. Il y a toute son oeuvre dans la bibliothèque de J et je crois que je ne vais lire que cela, toute la semaine. J'ai recopié de nombreux passages dans mon carnet bleu. Je vais préparer de la pâtisserie pour le week end prochain. Martine viendra me rendre visite mercredi soir et passera la nuit et la matinée avec moi.
A l'heure où j'écris ces mots, il y a une très belle lumière de début de crépuscule sur les collines en face. Ma maison est neuve, je n'avais pas passé de temps dans une maison ancienne depuis longtemps. Il y a dans celle-ci une atmosphère très particulière, douce et sereine. J'ai été bien bavard aujourd'hui. J'espère écrire moins, mais plus souvent. Je vais sortir le chien avant de dîner d'une petite omelette.