mercredi 30 décembre 2009

C'est vrai que je n'ai pas écrit depuis longtemps. Et je pense que je vais me faire de plus en plus rare. Beaucoup de choses se sont passées que je n'ai pas eu le temps ou l'énergie de relater. J'ai fait une retraite vraiment ressourçante. J'ai reçu ma famille pour le jour de Noël. Le soir du réveillon, une personne a frappé à ma porte avec une bouteille de champagne et un foie gras. C'était une surprise, un imprévu. Je n'avais pas passé une aussi belle soirée depuis très longtemps.

Je ne sais pas vraiment comment expliquer les choses. Il y a en même temps le désir de n'en pas trop dire et celui de raconter. Ce blog devrait servir à cela, mais je ne parviens pas avec la même facilité que certains à la narration d'épisodes intimes de ma vie. Ça viendra peut-être.

Le lendemain, mes enfants et ma petite-fille étaient tous réunis autour de moi. J'ai été très gâté. Quel beau Noël...

mardi 17 novembre 2009

Depuis quelques jours, je ne désire que Dieu. Je me réveille en prières et m'endors en prières. Cet état est une Grâce que je ne ressens pas souvent. Tout ce que je fais est tourné vers Lui.

Merci mon Dieu, je te rends Grâce pour cette insondable faveur qui m'est faite en ce moment. Merci d'avoir retiré le voile. Je sais que lorsque ce voile sera de nouveau entre nous, non pas qu'il m'empêche de Te voir, je saurai me souvenir de ce face à face éclatant.

vendredi 6 novembre 2009

Dimanche, j'ai rejoint un petit groupe de personnes dans un très bel endroit, en pleine campagne. C'était la deuxième fois que nous nous réunissions. Ce fut un moment plein de douceur. Nous avons fait une longue excursion, très lente. Le rythme de la marche est particulièrement propice à la conversation. Le froid n'a découragé personne puisque chacun avait pris soin de s'équiper en conséquence. Selon le rythme de chacun, les groupes se faisaient et se défaisaient. Ainsi, j'ai pu avoir un moment privilégié avec chacun des convives. La marche du groupe avait un but. Il fallait rejoindre une petite église perdue en pleine nature. Le silence fut alors total et l'église était plus belle et solennelle que je n'aurais pu l'imaginer. Nous sommes restés un long moment, chacun très profondément en soi-même. Même ceux qui n'ont pas la foi semblaient partis pour un ailleurs. J'ai longuement prié.

Le soir, autour d'un bon feu de bois, dans une maison très ancienne, nous avons dégusté une raclette géante. J'ai longtemps hésité avant de faire partie de ce groupe, des réticences et ma timidité me retenaient. Ce dimanche soir pourtant, j'ai été un homme très heureux au milieu de toutes ces personnes si différentes que lie une seule et même chose.


En écrivant ce petit compte rendu, je n'ai pas quitté l'écran des yeux et voilà qu'avec un point final je tourne la tête vers la fenêtre et que je vois l'obscurité par la fenêtre. Le soir est tombé brutalement.


Je suis allé allumer quelques lampes dans toute la maison. Ainsi, le chemin sera balisé, du bureau à la cuisine, de la cuisine au salon, du salon à la chambre. C'est l'heure où je souhaiterais distinguer dans les ombres du salon, la silhouette d'une femme étendue sur le canapé, lovée dans un de ces grands plaids en mohair. Une femme qui m'attend, qui me sourit et qui m'aime avec tendresse.

lundi 26 octobre 2009

Avec Georges, mon ami sinologue, nous avons arpenté les rues de la ville italienne. Au détour d'une charmante petite église, il m'a fait une confidence. Cela m'a beaucoup ému. D'abord parce que je lui ai paru digne d'être mis au courant, ensuite parce que la confidence concerne un domaine qui nous touche tous les deux. Le séminaire a été passionnant. Un étudiant était chargé de nous présenter un objet de la Renaissance. Paolo a été brillant, ce qui a confirmé mes intuitions à son égard. La jeune garde a bien du talent. Grâce à la profondeur de son questionnement, nous sommes partis sur le chemin des étoiles, sur des interrogations quant à la place de l'Homme dans l'univers. Dans la liste des propositions de travaux pour le séminaire, Paolo a choisi la plus difficile, mais sans doute la plus intéressante. C'est un ami chercheur qui m'avait mis sur la piste de cet objet, juste avant mon départ en retraite et j'avais bien regretté de ne pas avoir à travailler autour de lui. C'est chose faite.

Cette semaine, le séminaire fait une pause, alors je vais profiter de mon temps libre pour souffler un peu et partir pour Paris. J'irai chez mon fils et aussi chez un cousin de mon ex femme. Il s'appelle Henri et il vit à Versailles. Je pense que j'irai au château. Il y a longtemps que je ne me suis pas promené dans les allées du roi. J'ai rencontré Henri au cours d'un déjeuner de famille, il y a presque quarante ans. Le courant est tout de suite passé entre nous. Mon fils aîné l'aime beaucoup et le voit souvent. C'est d'ailleurs sous son influence qu'il a choisi une spécialisation en botanique. Henri est maintenant à la retraite. Il est veuf depuis quelques années. Le départ brutal de sa femme, départ que la décence ne me permet pas d'évoquer avec plus de précisions, fut un choc terrible pour cet homme. Cet événement a précédé de peu mon divorce et nous nous sommes beaucoup vus dans ces moments pénibles de notre existence. Il m'a aidé à remonter la pente. C'est lui aussi qui m'a encouragé à faire construire une maison avec l'argent de la liquidation des biens alors que je pensais donner cette somme à mes enfants et m'enterrer dans un studio au coeur de Paris.

Il est temps que je prenne la route. Elle sera longue.

mardi 20 octobre 2009

Mon ami Jacques m'a raconté un peu sa vie avec sa nouvelle compagne. Entre parties d'échec et promenades en forêt, j'ai eu droit à tous les détails, même et surtout ceux que je ne voulais surtout pas connaître. Le week end a passé vite, même si notre rythme fut lent. Je m'envole tout à l'heure pour l'Italie, comme chaque semaine, mais cette fois je ne voyagerai pas seul. Un ami de très longue date, que je ne vois pas très souvent, m'accompagnera. Il doit me retrouver tout à l'heure à l'aéroport. Je l'ai connu sur mon premier poste universitaire. Il est plus âgé que moi, mais en pleine forme. C'est un sinologue renommé, un retraité bien plus actif que moi. J'aime beaucoup ce grand Monsieur que je vois trop rarement. Il assistera à mon séminaire et le reste du temps, nous allons nous promener et visiter.

Je songe à une retraite spirituelle pendant les congés de Noël, la semaine avant les festivités. J'étudie des options en Italie et en Espagne. Tout dépendra des différents programmes proposés. Au téléphone, un membre de la famille de mon ex-femme, membre que je fréquente assidûment (même si...), m'a parlé de ce beau-frère que j'aimais beaucoup et que j'ai accompagné il y a quelques années, dans ses derniers moments. Je n'y avais pas pensé depuis longtemps, la dernière fois je crois, c'est l'évocation d'une expérience similaire qui m'a remis en tête cette douloureuse épreuve. Je pense très souvent à lui, je prie tout le temps pour lui, mais les derniers mois de sa vie, je n'y pense jamais. Or, il m'a fallu entendre certaines choses oubliées, comme sa régression physique, très impressionnante. Cette mort a marqué la famille. Elle fut atroce de douleur physique et morale. Une torture.

Peut-on finir une entrée par le mot "torture" ? Sûrement pas ! Vous qui me lisez, je vous souhaite beaucoup de JOIE et D'AMOUR !


vendredi 16 octobre 2009

Le temps a filé sans que je me rende compte de rien. Mercredi soir, l'amie qui s'occupe de sortir et de nourrir mon chien pendant mon absence m'a téléphoné pour me dire qu'elle avait un empêchement de dernière minute et qu'elle ne pourrait pas s'en occuper. Ce fut finalement assez simple de trouver un remplaçant grâce à la chaîne de solidarité lancée par un ami qui par ailleurs vient juste d'adopter un nouvel animal, c'est dire s'il se soucie du bien-être de nos amis les bêtes. Mon chien, chaque semaine, sera donc aux petits oignons dans le charmant appartement de la petite Marie. Je le poserai le mardi en fin de matinée et le reprendrai le jeudi en début d'après-midi. Merci encore d'avoir proposé cette solution ! Je vous en suis très reconnaissant croyez-le bien.


Le week end dernier, la réunion de famille fut une vraie réussite. Il y a eu un moment délicat. Mes fils m'ont posé beaucoup de questions sur leur mère, mon ex femme. Je n'étais pas très à l'aise pour raconter les circonstances de notre rencontre, notre vie avant leur arrivée. Ils ne m'ont jamais interrogé sur ce sujet. J'ai appris que leur mère refusait d'en parler, que cela était pour elle du passé et qu'elle ne voulait pas le "remuer". Ce qui fut une demande de leur part est devenu un devoir pour moi. Comment les laisser sans réponses devant ces questions que d'aucuns pourraient qualifier de futiles ? Alors j'ai ravalé mon orgueil de mâle blessé, trompé et abandonné et j'ai sorti les albums photos et les vieilles lettres jaunies. Nous avons bien ri et je me suis surpris à évoquer ces moments avec tendresse. Du passé bien révolu, donc du passé que l'on peut regarder droit dans les yeux, sans rougir, sans crainte.

Demain, mon ami Jacques vient passer deux jours avec moi. Sa compagne du moment est en famille je crois, il est seul et cela le terrifie. Je vais partir en courses. Il me faut du très bon whisky et de la viande rouge. Je vais encore me faire battre aux échecs, mais j'ai l'habitude et je suis bon joueur.

vendredi 9 octobre 2009

Je viens tout juste de rentrer chez moi à la campagne. Un paquet m'y attendait. Mon ami Jacques a déposé en mon absence un cadeau qui me fait un plaisir immense: un vinyle de collection que je viens de mettre sur la platine. Ella Fitzgerald chante dans toute la maison et j'ai l'impression qu'elle est assise sur mon canapé. C'est un disque de "ballads".

Je me suis habitué aux trajets et cela devient une routine qui peut être agréable quand les avions ne sont pas en retard ou annulés. Mercredi, après le séminaire, je suis allé faire des courses pour la première fois depuis le début des cours. Paolo, cet étudiant dont j'ai déjà parlé, m'a conseillé plusieurs épiceries. J'ai trouvé de l'huile à la truffe blanche, du "lardo di colonnata" (qui a déjà goûté cette merveille ?), de petits biscuits "amaretti", de la farine de pois chiche, de très bonnes olives marinées, et un mélange de cafés qui a été moulu devant moi et que j'ai hâte d'essayer. Demain, mes enfants arriveront, qui de Paris, qui de l'autre bout du monde pour remplir ma fin de semaine d'amour, de joie et de rires. Je servirai un grand apéritif italien, suivi d'un grand plat de pâtes fraîches à la sauce tomate. Je vais préparer un tiramisù et les amaretti seront parfaits pour le café de fin de repas et le thé de 5 heures. Deux très belles journées en perspective.

dimanche 4 octobre 2009

C'est un dimanche glorieux. L'automne n'a jamais été aussi beau. Je suis assis à mon bureau. Je vois les arbres qui se teintent tout doucement de marrons, de jaunes, d'oranges et de rouges. Le vert s'amoindrit petit à petit. Comme tous les samedis matin, hier j'ai cuisiné pour tout le week-end. Mon ami Jacques et sa dernière conquête passeront pour le thé et cela se prolongera sans doute par un petit dîner. J'ai préparé des tuiles aux amandes, des tartelettes aux pommes et une île flottante. J'ai fait cuire un rôti de porc qui se détaille en viandes froides, délicieuses avec le pain du boulanger du village et une mayonnaise maison. Depuis l'été, je prends plaisir à ne faire tourner sur la platine que des disques vinyles. Je retrouve les craquements, le son légèrement voilé qui correspond finalement plus au son que l'on retrouve dans une salle de concert. La précision du son laser est prodigieuse, mais elle n'est pas caractéristique. Ce matin, c'est un récital d'Alicia de Larrocha, disparue il y a peu, du Rachmaninov et du Schumann, un disque que ma mère m'avait offert pour un Noël, il y a maintenant bien longtemps.


Je suis moins fatigué par les trajets. Il s'agissait de prendre le rythme. J'ai changé de logement. L'université a mis à ma disposition un minuscule studio dans le centre ville. Je prends un grand plaisir à animer ce séminaire. Les étudiants parlent un très bon français, ce qui m'évite bien des efforts linguistiques. J'ai déjà reçu plusieurs propositions de travaux pour l'évaluation et je dois dire que je suis agréablement surpris par le niveau de réflexion. Paolo, un de mes étudiants, reste souvent après le cours pour approfondir certains points. C'est un très grand garçon, très mince. Philosophe de formation, il est aux portes d'une thèse qui fera grand bruit je pense, s'il mène à bien son projet.

Demain, je retourne en ville. Le soir, je dînerai avec un ami. Il n'aura pas beaucoup de temps à me consacrer puisqu'il est musicien et qu'il enchaînera avec une répétition, mais je sais que la conversation sera animée et que les rires seront au rendez-vous.

dimanche 27 septembre 2009

Je n'ai trouvé que ce moment pour venir ici écrire un petit mot. Les deux semaines qui viennent de s'écouler ont été plus crevantes que je ne l'imaginais. J'ai ouvert le séminaire et jusque là, tout se passe merveilleusement bien. Les étudiants semblent futés et travailleurs. J'ai eu des échanges particulièrement stimulants avec deux étudiants qui sont très motivés. L'un d'entre eux se destine à la prêtrise, l'autre est un philosophe qui planche sur un sujet connexe aux enjeux du séminaire. Non, vraiment, me retrouver devant une "classe" fut comme enfiler une veste ancienne.

En revanche, je suis très fatigué par les trajets, bien plus que je n'aurais pu l'imaginer. Et dire que j'avais prévu large ! Le week end dernier, j'étais tellement fatigué que j'ai à peine cuisiné, mangeant sur le pouce des bouts de jambon grappillés à même le paquet. Les voisins m'avaient apporté des légumes que j'ai transformés en soupe, mélangeant tout et y ajoutant simplement un mélange d'épices qu'on m'avait rapporté d'Europe de l'Est il y a quelques temps. Mon logement se trouve sur le campus mais il ne me satisfait pas. Je cherche une solution de remplacement, un petit appartement dans le centre ville.

mardi 15 septembre 2009

Tout à l'heure, en allant chercher du pain pour mon petit-déjeuner, j'ai assisté à une scène qui m'a brisé le coeur. Un homme était étendu près d'un feu de signalisation. Les gens passaient, pressés, parfois curieux, souvent indifférents. Beaucoup partaient au travail à cette heure du jour et le temps pressait. Un patron, un manager (comme on dit de nos jours) ou une tâche urgente les attendaient sans doute.

L'homme étendu se débattait pour se relever. Il ne semblait pas ivre. Je l'ai aidé à se relever. Nous avons échangé quelques mots. J'ai appris qu'il portait une prothèse dont il avait du mal à s'habituer. Il m'a remercié et il est reparti. Sur le chemin du retour, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander pourquoi personne avant moi ne s'était arrêté, pourquoi personne ne l'avait aidé à se relever, ce qui m'a pris peut-être 3 minutes. Je n'ai pas la réponse à cette question. Je ne juge personne, je me demande "pourquoi ?".

Tout à l'heure, après un saut de puce en avion, je serai en Italie, attablé devant un bon café, relisant mes notes pour ma première intervention de demain.

lundi 14 septembre 2009

Et si je prenais l'habitude d'écrire un peu ici tous les matins ? Je pourrais écrire quelques lignes après le café, la prière, la séance de yoga et les tartines, juste avant la douche et les premiers coups de fil. Ce serait un petit moment privilégié, entre moi et moi, et vous bien entendu, même si vous ne devez pas être bien nombreux. Aujourd'hui je me sens impatient. J'ai hâte de commencer ce séminaire. Je n'ai aucun stress, aucune appréhension. Ma carrière est faite, je n'ai rien à prouver, aucun avancement, sinon spirituel, à récolter. On apprécie mes travaux passés et on désire que j'en fasse part à quelques étudiants qui enrichiront ces recherches. Ensemble, nous allons approfondir certaines directions de mon travail. Je partirai pour la ville de mon plus jeune fils après le déjeuner et demain je prendrai le premier d'une longue série de vols en direction du nord de l'Italie.

Je suis parvenu à régler une heure correcte pour ce blog. Ce ne fut pas une mince affaire. Je compte sur mes futurs étudiants pour m'aider à progresser en informatique.

dimanche 13 septembre 2009

Le désir de reprendre le cours de ce blog est au rendez-vous. Hier soir, je suis rentré dans ma maison pour les derniers préparatifs, lundi matin je retournerai chez mon fils.

Tout à l'heure, je me suis réveillé dans le noir. Il était presque 6 h. J'ai posé sur la platine un vieux vinyle de Miles Davis, un disque que mon ami Jacques m'a offert pour un anniversaire, il y a très longtemps maintenant. J'ai fait du café très fort et j'en ai bu une tasse, assis par terre, devant les baies vitrées. Je voyais une ombre se dessiner sur l'aube qui pointait: le chien se dégourdissait les jambes. A la fin de la première tasse de café, la meilleure de la journée, tout s'est figé. Le chien s'est arrêté et assis sur ses pattes arrières il a semblé regarder au loin le rose qui envahissait petit à petit le ciel. J'ai posé la tasse et j'ai commencé une prière, douce au début, remerciant Dieu pour tant de beauté, de générosité, puis fervente, lui demandant de toutes mes forces de guider ceux à qui nous avons cédé le pouvoir, qu'il soit politique mais surtout religieux. Qu'il sache leur montrer la voie de la générosité, voie qui semble pour l'instant bouchée. Puis j'ai prié pour ceux qui ne sont plus: mes parents, un beau-frère que j'aimais beaucoup, ma fille. J'ai prié de toutes mes forces pour que la paix leur soit offerte comme l'ultime cadeau.

Quand j'ai ouvert les yeux, le chien s'était tourné vers moi et me regardait. La journée peut commencer. Je vais préparer un rôti de porc aux figues et des champignons sautés, une soupe aux orties pour ce soir (une recette de ma grand-mère). Mes voisins les plus proches viendront sans doute me rendre visite à l'heure du thé, comme souvent le dimanche.

samedi 12 septembre 2009

Il est tellement difficile de reprendre le cours d'un blog après une longue absence. J'ai passé un été très reposant, sans voyage, entouré de mes fils, leurs compagnes/compagnons respectifs et ma petite-fille Claire qui est une enfant étonnante. Toute la tribu a passé un bon mois autour de l'étang, dormant parfois à la belle étoile. Non, je n'ai pas voyagé. Pas de Californie, pas de Canada, pas d'Italie. Mon fils aîné semblait soucieux, comme si ce voyage immobile de l'été était un signe de lassitude, de fatigue ou même de dépression. Mon plus jeune, en revanche, n'a pas manqué me faire remarquer que je vieillis. Il a raison, comment lui en vouloir. Je lui ai expliqué que cependant, je n'en ressens aucun désagrément. J'ai la chance d'avoir une assez bonne santé, en dépit de problèmes cardiaques passés qui sont bien soignés et jugulés. Je savoure ce moment de la vie.

La retraite, cependant, est mise à mal. J'ai repris du service pour un semestre dans une université du nord de l'Italie. Mon séminaire commencera ce mercredi, à 4 heures de l'après-midi. Ainsi, je passerai les vendredis, samedis et dimanches dans ma maison, les lundis je partirai chez mon plus jeune fils (l'aéroport de sa ville offre une ligne aérienne parfaite pour rejoindre les petites destinations italiennes), les mardis je prendrai donc un avion direct pour le petit aéroport italien, les mercredis j'animerai mon séminaire, les jeudis je rentrerai chez mon fils et tout recommencera, jusqu'au mois de février où mon contrat s'arrêtera. J'ai choisi ce rythme pour ne jamais devoir me presser, toujours avoir à ma disposition du temps pour faire les trajets. Je suis très heureux de cette reprise, qui, même si je ne l'ai pas désirée, va m'offrir un lien étroit avec l'Italie que j'aime tant. Le sujet de mon séminaire reprend la plupart de mes recherches qu'elles soient scientifiques ou personnelles. En effet, je vais enseigner au sein de l'université catholique.

Mon plus jeune fils est parti en long voyage pour son travail de photographe-reporter. Les murs du salon d'où j'écris ces mots sont couverts de photographies encadrées. Beaucoup ont été prises par lui. Il y a notamment ce portrait de sa nièce, la petite Claire, portrait si juste. Il y a aussi une collection sur les femmes du monde, des petits formats assemblés sur le mur au dessus des étagères. Ces femmes font la cuisine, lavent les enfants, lisent, travaillent, pleurent ou s'ennuient. Un livre est sorti de cette belle série et il en est très fier.

mercredi 22 avril 2009

Je pratique le yoga depuis l'âge de 35 ans environ. Compte tenu de mon âge très avancé, cela fait donc assez longtemps que je soumets mon corps et mon esprit à l'Ashtanga Yoga. Ma charmante belle-fille m'a proposé une séance de yoga aquatique. La première fois que j'ai entendu parler de cette pratique pour le moins originale c'était il y a quelques années en Californie. Comme je ne peux rien refuser à mon adorable belle-fille, je l'ai suivie pour une séance que, contre toute attente, j'ai adoré. J'ai retrouvé certaines postures de l'Ashtanga, mais la troisième dimension que procure l'eau (puisqu'elle nous "porte") donne une sensation d'apesanteur qui rend la méditation tout à fait légère. De plus, l'apnée nécessaire à la réalisation de certaines postures régule naturellement la respiration. Ma seule réticence viendrait, justement, de ce manque d'appui sur la terre qui nous relie aux énergies.
Je suis très tenté de poursuivre cette recherche aquatique. Je pourrais toujours pratiquer en été, dans mon étang. Cela resterait un moment de l'année privilégié pour mon yoga quotidien.

dimanche 19 avril 2009

Je suis chez mon fils aîné. Tout le monde s'affaire autour de moi, ma petite-fille gazouille gentiment en jouant. Dans une heure, un ami viendra partager notre déjeuner dominical. C'est un ami que j'ai rencontré par le biais de ce blog. S'il connaît mon plus jeune fils, c'est la première fois qu'il rencontrera mon fils aîné, ma belle-fille et notre petite Claire. Son voyage professionnel dans la ville de mon fils ne pouvait pas mieux tomber. Ce matin, très tôt, je suis allé acheter des asperges vertes nouvelles, de beaux filets de cabillaud et un dessert. De la fenêtre, je vois le lilas en fleur dans la cour, la Messe en Ut mineur de Mozart joue sur la platine laser. C'est un très beau moment qu'il faudrait fixer. Le meilleur moyen est encore de l'imprimer au fond de son coeur.
Mon fils m'a offert un très beau fac-similé d'une Bible du XVIè siècle. J'essaierais d'en publier quelques pages, parmi les plus belles, si mon fils daigne m'expliquer comment procéder. Après le repas, mon fils nous emmènera tous dans les secrets du plus beau jardin du monde. Il en possède toutes les clés. Je sais que ce cadeau sera très apprécié par notre invité.

lundi 30 mars 2009

Le printemps est arrivé. Mon hiver a été bien rempli. Je n'ai fait qu'un tout petit voyage dans un lieu que j'aime tout particulièrement : Assise, la ville de Saint-François, en Italie. J'en reviens juste.
Ce fut cinq jours de pur bonheur, de félicité. J'étais hébergé par des frères avec qui je partageais la soupe. J'ai beaucoup prié, surtout pour l'Eglise qui est bien éprouvée. Difficile de se reconnaître dans la religion Catholique Romaine avec tout ce que son chef spirituel peut dire comme...n'ayons pas peur des mots...idioties. Mais tout cela n'entame pas ma foi, solide et solaire, foi que j'ai toujours eu et qui ne me quittera pas.

Mon fils, le plus jeune, a déménagé. Il a quitté la ville où il a fait toutes ses études pour une ville bien plus grande. En pleine crise financière, il a acheté un appartement. J'ai essayé de l'en dissuader au début, puis je me suis rendu compte qu'il avait amassé beaucoup d'argent ces dernières années, avec ses photos qui se vendent très bien. Et dire que je le voyais toujours comme un adolescent insouciant ! J'ai aidé à quelques travaux de rafraîchissement et une fois meublé, l'endroit petit mais très bien agencé m'a séduit et je l'ai félicité pour sa prévoyance. Comme il est souvent en voyage, je me suis un peu installé chez lui, faisant des allers-retours entre ma campagne et son pied-à-terre. J'ai pu apprécier un peu mieux cette si belle ville, culturellement riche et gastronomique en diable. J'y compte très peu de connaissances, mais la qualité compense largement la quantité défaillante. Ma petite-fille grandit. Être grand-père est le couronnement total de la paternité. Je n'aurais jamais pensé ressentir cela après les grands bonheurs d'être père qui me semblaient indépassables. Même si de l'extérieur, on pourrait me plaindre (divorcé etc...), je savoure cette chance extraordinaire d'être en vie et d'avoir une si belle famille.

A Assise, j'ai parlé avec un frère parfaitement francophone qui m'a beaucoup éclairé sur la mystique franciscaine. Dans les semaines qui viennent je compte lire plus de livres sur ce Saint-François que n'en contient ma bibliothèque à son sujet.