Avec Georges, mon ami sinologue, nous avons arpenté les rues de la ville italienne. Au détour d'une charmante petite église, il m'a fait une confidence. Cela m'a beaucoup ému. D'abord parce que je lui ai paru digne d'être mis au courant, ensuite parce que la confidence concerne un domaine qui nous touche tous les deux. Le séminaire a été passionnant. Un étudiant était chargé de nous présenter un objet de la Renaissance. Paolo a été brillant, ce qui a confirmé mes intuitions à son égard. La jeune garde a bien du talent. Grâce à la profondeur de son questionnement, nous sommes partis sur le chemin des étoiles, sur des interrogations quant à la place de l'Homme dans l'univers. Dans la liste des propositions de travaux pour le séminaire, Paolo a choisi la plus difficile, mais sans doute la plus intéressante. C'est un ami chercheur qui m'avait mis sur la piste de cet objet, juste avant mon départ en retraite et j'avais bien regretté de ne pas avoir à travailler autour de lui. C'est chose faite.
Cette semaine, le séminaire fait une pause, alors je vais profiter de mon temps libre pour souffler un peu et partir pour Paris. J'irai chez mon fils et aussi chez un cousin de mon ex femme. Il s'appelle Henri et il vit à Versailles. Je pense que j'irai au château. Il y a longtemps que je ne me suis pas promené dans les allées du roi. J'ai rencontré Henri au cours d'un déjeuner de famille, il y a presque quarante ans. Le courant est tout de suite passé entre nous. Mon fils aîné l'aime beaucoup et le voit souvent. C'est d'ailleurs sous son influence qu'il a choisi une spécialisation en botanique. Henri est maintenant à la retraite. Il est veuf depuis quelques années. Le départ brutal de sa femme, départ que la décence ne me permet pas d'évoquer avec plus de précisions, fut un choc terrible pour cet homme. Cet événement a précédé de peu mon divorce et nous nous sommes beaucoup vus dans ces moments pénibles de notre existence. Il m'a aidé à remonter la pente. C'est lui aussi qui m'a encouragé à faire construire une maison avec l'argent de la liquidation des biens alors que je pensais donner cette somme à mes enfants et m'enterrer dans un studio au coeur de Paris.
Il est temps que je prenne la route. Elle sera longue.