lundi 26 octobre 2009

Avec Georges, mon ami sinologue, nous avons arpenté les rues de la ville italienne. Au détour d'une charmante petite église, il m'a fait une confidence. Cela m'a beaucoup ému. D'abord parce que je lui ai paru digne d'être mis au courant, ensuite parce que la confidence concerne un domaine qui nous touche tous les deux. Le séminaire a été passionnant. Un étudiant était chargé de nous présenter un objet de la Renaissance. Paolo a été brillant, ce qui a confirmé mes intuitions à son égard. La jeune garde a bien du talent. Grâce à la profondeur de son questionnement, nous sommes partis sur le chemin des étoiles, sur des interrogations quant à la place de l'Homme dans l'univers. Dans la liste des propositions de travaux pour le séminaire, Paolo a choisi la plus difficile, mais sans doute la plus intéressante. C'est un ami chercheur qui m'avait mis sur la piste de cet objet, juste avant mon départ en retraite et j'avais bien regretté de ne pas avoir à travailler autour de lui. C'est chose faite.

Cette semaine, le séminaire fait une pause, alors je vais profiter de mon temps libre pour souffler un peu et partir pour Paris. J'irai chez mon fils et aussi chez un cousin de mon ex femme. Il s'appelle Henri et il vit à Versailles. Je pense que j'irai au château. Il y a longtemps que je ne me suis pas promené dans les allées du roi. J'ai rencontré Henri au cours d'un déjeuner de famille, il y a presque quarante ans. Le courant est tout de suite passé entre nous. Mon fils aîné l'aime beaucoup et le voit souvent. C'est d'ailleurs sous son influence qu'il a choisi une spécialisation en botanique. Henri est maintenant à la retraite. Il est veuf depuis quelques années. Le départ brutal de sa femme, départ que la décence ne me permet pas d'évoquer avec plus de précisions, fut un choc terrible pour cet homme. Cet événement a précédé de peu mon divorce et nous nous sommes beaucoup vus dans ces moments pénibles de notre existence. Il m'a aidé à remonter la pente. C'est lui aussi qui m'a encouragé à faire construire une maison avec l'argent de la liquidation des biens alors que je pensais donner cette somme à mes enfants et m'enterrer dans un studio au coeur de Paris.

Il est temps que je prenne la route. Elle sera longue.

mardi 20 octobre 2009

Mon ami Jacques m'a raconté un peu sa vie avec sa nouvelle compagne. Entre parties d'échec et promenades en forêt, j'ai eu droit à tous les détails, même et surtout ceux que je ne voulais surtout pas connaître. Le week end a passé vite, même si notre rythme fut lent. Je m'envole tout à l'heure pour l'Italie, comme chaque semaine, mais cette fois je ne voyagerai pas seul. Un ami de très longue date, que je ne vois pas très souvent, m'accompagnera. Il doit me retrouver tout à l'heure à l'aéroport. Je l'ai connu sur mon premier poste universitaire. Il est plus âgé que moi, mais en pleine forme. C'est un sinologue renommé, un retraité bien plus actif que moi. J'aime beaucoup ce grand Monsieur que je vois trop rarement. Il assistera à mon séminaire et le reste du temps, nous allons nous promener et visiter.

Je songe à une retraite spirituelle pendant les congés de Noël, la semaine avant les festivités. J'étudie des options en Italie et en Espagne. Tout dépendra des différents programmes proposés. Au téléphone, un membre de la famille de mon ex-femme, membre que je fréquente assidûment (même si...), m'a parlé de ce beau-frère que j'aimais beaucoup et que j'ai accompagné il y a quelques années, dans ses derniers moments. Je n'y avais pas pensé depuis longtemps, la dernière fois je crois, c'est l'évocation d'une expérience similaire qui m'a remis en tête cette douloureuse épreuve. Je pense très souvent à lui, je prie tout le temps pour lui, mais les derniers mois de sa vie, je n'y pense jamais. Or, il m'a fallu entendre certaines choses oubliées, comme sa régression physique, très impressionnante. Cette mort a marqué la famille. Elle fut atroce de douleur physique et morale. Une torture.

Peut-on finir une entrée par le mot "torture" ? Sûrement pas ! Vous qui me lisez, je vous souhaite beaucoup de JOIE et D'AMOUR !


vendredi 16 octobre 2009

Le temps a filé sans que je me rende compte de rien. Mercredi soir, l'amie qui s'occupe de sortir et de nourrir mon chien pendant mon absence m'a téléphoné pour me dire qu'elle avait un empêchement de dernière minute et qu'elle ne pourrait pas s'en occuper. Ce fut finalement assez simple de trouver un remplaçant grâce à la chaîne de solidarité lancée par un ami qui par ailleurs vient juste d'adopter un nouvel animal, c'est dire s'il se soucie du bien-être de nos amis les bêtes. Mon chien, chaque semaine, sera donc aux petits oignons dans le charmant appartement de la petite Marie. Je le poserai le mardi en fin de matinée et le reprendrai le jeudi en début d'après-midi. Merci encore d'avoir proposé cette solution ! Je vous en suis très reconnaissant croyez-le bien.


Le week end dernier, la réunion de famille fut une vraie réussite. Il y a eu un moment délicat. Mes fils m'ont posé beaucoup de questions sur leur mère, mon ex femme. Je n'étais pas très à l'aise pour raconter les circonstances de notre rencontre, notre vie avant leur arrivée. Ils ne m'ont jamais interrogé sur ce sujet. J'ai appris que leur mère refusait d'en parler, que cela était pour elle du passé et qu'elle ne voulait pas le "remuer". Ce qui fut une demande de leur part est devenu un devoir pour moi. Comment les laisser sans réponses devant ces questions que d'aucuns pourraient qualifier de futiles ? Alors j'ai ravalé mon orgueil de mâle blessé, trompé et abandonné et j'ai sorti les albums photos et les vieilles lettres jaunies. Nous avons bien ri et je me suis surpris à évoquer ces moments avec tendresse. Du passé bien révolu, donc du passé que l'on peut regarder droit dans les yeux, sans rougir, sans crainte.

Demain, mon ami Jacques vient passer deux jours avec moi. Sa compagne du moment est en famille je crois, il est seul et cela le terrifie. Je vais partir en courses. Il me faut du très bon whisky et de la viande rouge. Je vais encore me faire battre aux échecs, mais j'ai l'habitude et je suis bon joueur.

vendredi 9 octobre 2009

Je viens tout juste de rentrer chez moi à la campagne. Un paquet m'y attendait. Mon ami Jacques a déposé en mon absence un cadeau qui me fait un plaisir immense: un vinyle de collection que je viens de mettre sur la platine. Ella Fitzgerald chante dans toute la maison et j'ai l'impression qu'elle est assise sur mon canapé. C'est un disque de "ballads".

Je me suis habitué aux trajets et cela devient une routine qui peut être agréable quand les avions ne sont pas en retard ou annulés. Mercredi, après le séminaire, je suis allé faire des courses pour la première fois depuis le début des cours. Paolo, cet étudiant dont j'ai déjà parlé, m'a conseillé plusieurs épiceries. J'ai trouvé de l'huile à la truffe blanche, du "lardo di colonnata" (qui a déjà goûté cette merveille ?), de petits biscuits "amaretti", de la farine de pois chiche, de très bonnes olives marinées, et un mélange de cafés qui a été moulu devant moi et que j'ai hâte d'essayer. Demain, mes enfants arriveront, qui de Paris, qui de l'autre bout du monde pour remplir ma fin de semaine d'amour, de joie et de rires. Je servirai un grand apéritif italien, suivi d'un grand plat de pâtes fraîches à la sauce tomate. Je vais préparer un tiramisù et les amaretti seront parfaits pour le café de fin de repas et le thé de 5 heures. Deux très belles journées en perspective.

dimanche 4 octobre 2009

C'est un dimanche glorieux. L'automne n'a jamais été aussi beau. Je suis assis à mon bureau. Je vois les arbres qui se teintent tout doucement de marrons, de jaunes, d'oranges et de rouges. Le vert s'amoindrit petit à petit. Comme tous les samedis matin, hier j'ai cuisiné pour tout le week-end. Mon ami Jacques et sa dernière conquête passeront pour le thé et cela se prolongera sans doute par un petit dîner. J'ai préparé des tuiles aux amandes, des tartelettes aux pommes et une île flottante. J'ai fait cuire un rôti de porc qui se détaille en viandes froides, délicieuses avec le pain du boulanger du village et une mayonnaise maison. Depuis l'été, je prends plaisir à ne faire tourner sur la platine que des disques vinyles. Je retrouve les craquements, le son légèrement voilé qui correspond finalement plus au son que l'on retrouve dans une salle de concert. La précision du son laser est prodigieuse, mais elle n'est pas caractéristique. Ce matin, c'est un récital d'Alicia de Larrocha, disparue il y a peu, du Rachmaninov et du Schumann, un disque que ma mère m'avait offert pour un Noël, il y a maintenant bien longtemps.


Je suis moins fatigué par les trajets. Il s'agissait de prendre le rythme. J'ai changé de logement. L'université a mis à ma disposition un minuscule studio dans le centre ville. Je prends un grand plaisir à animer ce séminaire. Les étudiants parlent un très bon français, ce qui m'évite bien des efforts linguistiques. J'ai déjà reçu plusieurs propositions de travaux pour l'évaluation et je dois dire que je suis agréablement surpris par le niveau de réflexion. Paolo, un de mes étudiants, reste souvent après le cours pour approfondir certains points. C'est un très grand garçon, très mince. Philosophe de formation, il est aux portes d'une thèse qui fera grand bruit je pense, s'il mène à bien son projet.

Demain, je retourne en ville. Le soir, je dînerai avec un ami. Il n'aura pas beaucoup de temps à me consacrer puisqu'il est musicien et qu'il enchaînera avec une répétition, mais je sais que la conversation sera animée et que les rires seront au rendez-vous.