mardi 30 mars 2010

Je profite de l'absence de mes enfants pour ouvrir un peu l'ordinateur. Claire se réveille presque aussi tôt que moi et je m'occupe d'elle avant que ses parents ne se réveillent. Ils profitent ainsi de vraies vacances et font de belles matinées bien grasses. J'aime ce moment de la matinée. Après ma séance de yoga, je lui prépare son petit-déjeuner et nous mangeons tous les deux dans la cuisine. Je lui raconte des histoires et parfois elle rit. Parfois, elle me dit quelques mots. Certains sont parfaitement compréhensibles, d'autres, surtout quand elle essaie de faire une phrase, sont plus obscures, mais nous nous comprenons autrement.

Mon ami Jacques m'a téléphoné pour m'annoncer que l'examen médical principal s'est très bien passé et que celui qu'il doit encore subir n'est qu'une routine. Fausse alerte donc.

Demain, en fin de matinée, je dois prendre un café chez l'ancien prêtre de la paroisse. Je l'avais rencontré à l'église où il vient parfois prier, il y a de cela quelques temps. Je l'ai parfois ramené en voiture chez lui et nous avons sympathisé. Il a quitté la prêtrise pour des raisons très personnelles. C'est un homme taciturne, mais cela me plaît. Nous parlons très peu. La dernière fois, chez lui, nous avons même passé un long moment à regarder par la fenêtre en sirotant notre café. Parfois, il commentait le passage d'un oiseau sur le cerisier ou la couleur du ciel. Ce sont des moments rares. Notre époque a perdu la notion du silence. C'est dommage. Il faut parler, parler, dire dire, toujours plus. On finit par vider les mots de leur sens, par disperser les pensées aux quatre vents.

Mes enfants vont bientôt rentrer de leurs courses. Ce soir, c'est ma belle-fille qui cuisine. On m'a promis un plat exotique et spectaculaire. Nous dînerons après le bain de Claire. Ensuite, alors que ma délicieuse belle-fille lira le journal dans un fauteuil, nous commencerons, mon fils et moi, une longue partie d'échecs. C'est le rituel.

samedi 27 mars 2010

Mon fils aîné est arrivé hier avec ma délicieuse belle-fille et ma petite Claire. Ils vont rester avec moi jusqu'à mardi prochain. Je suis fou de joie. Le week end prochain, nous fêterons Pâques tous ensemble. Il plane encore une incertitude concernant mon plus jeune fils, mais ce qui est certain, c'est que Martine sera là. C'est la première fois que mon fils aîné la rencontrera. Oui, nous avons tous le trac, mon fils, Martine et moi. Je croise les doigts pour que tout se passe bien. Martine tient absolument à préparer le repas pour tout le monde. Je lui laisse donc "carte blanche".

Je suis un peu inquiet pour mon ami Jacques qui doit passer des examens cette semaine. Il m'a paru inquiet au téléphone et fuyant alors que je lui demandais des précisions. J'ai l'impression qu'il ne veut pas dire tout ce qu'il sait déjà, ou ce qu'il sent déjà. Jacques est mon plus vieil ami, le plus solide aussi. Et comme nous sommes différents pourtant ! Le perdre serait un vrai drame, mais en même temps, à nos âges, il faut s'attendre à tout.

L'université italienne m'a envoyé une lettre très flatteuse dans laquelle on me demande d'animer le même séminaire, l'année prochaine. Aussi fécond fut-il, je ne suis pas sûr de vouloir vraiment refaire un semestre comme celui qui vient de s'écouler. Les voyages ont été difficiles. Martine a évoqué l'idée d'un voyage cet été, dans un pays d'Afrique qu'elle affectionne tout particulièrement. J'ai vraiment envie de découvrir de nouvelles destinations, de me laisser guider par Martine dans les visites et les randonnées. C'est une marcheuse infatigable. Bientôt 65 ans et une forme olympique !

Tout est calme dans la maison. Ma petite-fille dort dans la petite chambre attenante à mon bureau et je l'entends parfois se retourner dans son petit lit. J'aime ce bruit. Parfois, je l'entends aussi soupirer dans son sommeil, ou gémir. Hier soir, elle a même chantonné au milieu de ses rêves. Me reviennent alors à la mémoire les souvenirs d'une autre enfant, une enfant qui fut la mienne, il y a longtemps. Ce soir, alors que le triste anniversaire de sa disparition approche, il me semble que c'était hier que je l'entendais se retourner dans son lit d'enfant.

mardi 23 mars 2010

Se ressourcer.

On peut se ressourcer de bien des manières. On peut se ressourcer chez soi, dans son cadre quotidien et familier. Il suffit de couper le téléphone, internet, le fil de la télévision. S'asseoir dans le jardin et contempler. S'asseoir dans un fauteuil et méditer quelques pages de la Bible.

J'ai passé le week-end seul dans ma maison et j'ai vraiment aimé m'y retrouver. Je n'ai rien fait de particulier. Le téléphone a sonné plusieurs fois, mais ne reconnaissant pas les numéros de mes enfants, je n'ai pas décroché. Je n'ai écouté que de la musique instrumentale, principalement la trompette de Chet Baker. Je n'ai pas entendu la voix humaine, pas même la mienne, sinon celle, intérieure, de la prière pendant plus de 48 heures. Cette retraite a été rompue lundi soir, par l'arrivée de Martine. Cela fait 6 mois maintenant que nous nous connaissons. J'apprécie la douceur avec laquelle elle a su entrer dans ma vie. J'apprécie la douceur avec laquelle elle me caresse les cheveux parfois alors que nous sommes l'un contre l'autre et que nous nous regardons sans rien dire, le sourire le plus bienheureux aux lèvres. J'apprécie la douceur avec laquelle, sans jamais être curieuse, elle découvre ma vie passée. J'apprécie la douceur avec laquelle elle parle au téléphone avec son fils. J'apprécie la douceur avec laquelle elle accomplit son difficile métier d'assistante sociale au sein d'un service consacré à la petite enfance. J'apprécie la douceur avec laquelle elle regarde la Nature, la Vie et la Croix en verre qui orne mon bureau.

jeudi 18 mars 2010

Cette semaine est pleine de surprises. Mardi, je me suis trouvé sans eau chaude et J est venu de la ville, après son travail, pour régler le problème. Je passe sur la catastrophe qui fut évitée de justesse grâce à un bon coup de molette. Mais J n'est pas passé tout seul. Mon plus jeune fils l'accompagnait. Ce fut une surprise totale, ne sachant pas quand il devait rentrer de reportage. Nous avons donc dîné tous les trois d'une quiche-salade concoctée par mes soins. Ils ont bien raillé mon incompétence à régler un chauffe-eau et je dois dire que les blagues à ce sujet n'ont pas fait défaut. Ils sont repartis tôt le matin.

Hier soir, c'est Martine qui était là. Elle m'a apporté des fleurs : des tulipes rouges. Depuis quand les femmes offrent des fleurs aux hommes ? Ai-je manqué un épisode ? J'ai trouvé cela tout à fait agréable, je dois dire. Ce fut une soirée et une matinée tout en douceur. A son image.

lundi 15 mars 2010

J'ai du mal à croire que le temps ait pu passer si vite. Le semestre à l'université italienne s'est terminé et j'étais plus fatigué que je ne l'aurais imaginé. Je n'ai plus 20 ans, ni même 40, ni même 50 !! Les étudiants étaient très brillants et j'ai plus appris d'eux qu'ils n'ont reçu de moi. J'ai promis à l'un d'entre eux d'être présent le jour de sa soutenance de thèse. Je ne veux pas trop m'avancer, mais je pense qu'une amitié est née.

Un amour aussi. Martine est entrée dans ma vie depuis quelques mois. Je l'ai rencontrée chez des amis. Tout de suite j'ai été fasciné par cette femme aux convictions fortes et à la Foi épanouie. Elle est assistante sociale, très impliquée dans son travail. Au début de la soirée, j'étais très intimidé par elle, mais elle a tellement de tact et de douceur, que petit à petit, j'ai eu l'impression que nous nous connaissions depuis longtemps. C'est elle qui m'a fait la surprise de frapper à ma porte le soir du réveillon de Noël. Elle savait que j'étais seul pour cette soirée. C'est une femme avec une grande discrétion. C'est une qualité humaine rare et précieuse. Nous prenons le temps de nous connaître, sans brûler les étapes. Nous avons fait un petit voyage de 3 jours ensemble et ce fut un moment extraordinaire. Je ne pensais pas vivre de nouveau de si belles et douces sensations, surtout pas à mon âge avancé ! Martine est un tout petit plus jeune que moi. L'année prochaine, elle partira à la retraite et j'espère qu'elle m'acceptera à ses côtés pour ce passage qu'elle redoute.


J'ai passé un très beau week-end. Mon ami J m'a invité dans sa maison à la campagne. Je n'avais jamais vu "la maison de Marie" comme il l'appelle. Je suis arrivé samedi matin, par de petites routes charmantes, prenant le temps de sortir des routes principales. J m'a accueilli avec un bon café et nous sommes sortis faire une grande promenade dans la campagne si belle. Nous avons écumé les brocanteurs de la région et J a trouvé une très jolie table basse qui est du plus bel effet dans sa bibliothèque. Après quelques courses, j'ai invité mon hôte dans un restaurant en pleine campagne. Nous avons déjeuné au coin du feu ! En fin d'après-midi, je suis allé rendre visite à un oncle qui vit dans une maison de retraite à une trentaine de kilomètres de V. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps et il ne m'a pas reconnu. Je suis resté un long moment avec lui, malgré tout, lui souriant et l'écoutant divaguer. L'important n'était pas d'être reconnu, mais de lui tenir compagnie. Quand je suis arrivé chez J, un délicieux pot au feu m'attendait. A la fin du repas, nous avons descendu une demi bouteille de sa liqueur de cerises. J'ai testé le confort d'un fauteuil étonnant, le "sit on it". J a mis de la très belle musique et nous avons longuement parlé. Dimanche, la Messe à l'abbaye de P nous attendait. J y va surtout pour la liturgie chantée par les soeurs. La musique est très très belle. J'avais anticipé et je n'ai pas eu à me déplacer pour voter puisque j'avais prévu une procuration. Au moment de repartir pour la ville, J m'a proposé de rester toute la semaine ici, seul. Ainsi, la maison restera chauffée puisqu'il reviendra vendredi soir prochain. Cela m'a enchanté. Surtout que je n'avais pas du tout envie de sortir de la chaleur de cette belle maison et que je n'ai rien de prévu. Samedi soir, avant d'éteindre la lampe de chevet, j'ai feuilleté un volume du journal de Julien Green que je connais mal. Il y a toute son oeuvre dans la bibliothèque de J et je crois que je ne vais lire que cela, toute la semaine. J'ai recopié de nombreux passages dans mon carnet bleu. Je vais préparer de la pâtisserie pour le week end prochain. Martine viendra me rendre visite mercredi soir et passera la nuit et la matinée avec moi.

A l'heure où j'écris ces mots, il y a une très belle lumière de début de crépuscule sur les collines en face. Ma maison est neuve, je n'avais pas passé de temps dans une maison ancienne depuis longtemps. Il y a dans celle-ci une atmosphère très particulière, douce et sereine. J'ai été bien bavard aujourd'hui. J'espère écrire moins, mais plus souvent. Je vais sortir le chien avant de dîner d'une petite omelette.